Ce jour là : le 14 juin 1962, la population guyanaise subit une répression violente qui marquera son histoire
C’était il y a 60 ans. Le 14 juin 1962. Date à laquelle la population guyanaise subit une répression violente lors d’une manifestation. Pour défendre leur volonté de certains changements du territoire, environ 1000 manifestants marchent dans les rues de Cayenne ce jour-là. Quelques jour plus tard, Justin Catayée, député guyanais, en déplacement à l’Assemblée Nationale, rentre pour soutenir son territoire et décède dans le crash de son avion.
Une mobilisation se déclenche alors en décembre 1961, lorsque le gouvernement décide d'accorder l’autonomie de la gestion aux Comores. Le Front Démocratique Guyanais (FDG) s'engage dans une unité d’action.
Quelques mois plus tard, l'Etat décide d'établir la Légion étrangère en Guyane après la fin de la guerre d’Algérie. Une décision qui déclenche le 7 juin 1962, la décision d'organiser une manifestation pacifiste menée par le FDG. Celle-ci est prévue pour le 14 juin 15 heures, devant le siège du PSG.
Les manifestants veulent la fermeture du territoire de l’Inini, un territoire qui ne dispose pas du statut de département, et qui scinde la Guyane. Ils disent non à la Légion Étrangère en Guyane et demandent un statut d’autonomie.

Des interpellations violentes
Les organisateurs sont alertés par un courrier du maire de Cayenne de l’époque, Roland Barrat, qui interdit cette manifestation par un arrêté de René Érignac, le préfet (père de Claude Erignac assassiné à Ajaccio en 1998 ndlr).
Immédiatement, les forces de l’ordre sont positionnées à la place des Palmistes, devant la préfecture, devant la maison du Peuple et encerclent les rues du centre-ville pour contrôler la foule fusils à la main.
Néanmoins, cette dernière prise dans l’élan est grandissante, l’information n’est pas entendue par tout le monde. Environ 300 personnes sont réunies au local du Parti Socialiste Guyanais et la situation dégénère : les forces de l’ordre entrent et matraquent hommes, femmes et enfants.
Au total, une quinzaine de manifestants sont arrêtés et certaines personnes sont blessées. Les manifestants ont été effrayés par cette répression violente, comme Antoine Karam, ancien président du Conseil régional de la Guyane, alors âgé de 12 ans au moment des interpellations : “Je m’en souviens encore de la violence de ce jour-là, le local a été retourné ”.

Il déclara : « A l’heure où je vous parle, toute la population guyanaise est massée dans les rues de Cayenne. Ma pensée s’élève vers elle. Je souhaite que certains fous ne s’égarent pas ! ».
Quelques jours plus tard, le 19 juin, à l’Assemblée Nationale, il évoque les incidents du 14 juin 1962 à Cayenne, qu’il ressent comme “un outrage à la démocratie” : « C'est peut-être la dernière fois que j’interviens dans cette Assemblée. Je veux avoir la possibilité de défendre la cause de mes compatriotes … » Mais son intervention fut interrompue de manière brutale par le Président de la chambre basse de l’époque, Chaban-Delmas.
En guise de soutien, il écourte son voyage à Paris et prend l’avion le 22 juin afin d’être à la tête du défilé de protestation programmé par le FDG pour le 25 juin et alors défendre sa population.

Lors de son retour, son vol s’écrase à Deshaies, en Guadeloupe. Tous les passagers sont tués. Une fin tragique pour cet homme qui souhaitait continuer sa mobilisation.
En son hommage, la rue Voltaire fut renommée rue Justin-Catayée. C'est dans cette rue que se trouvait au numéro 32 le premier siège du Parti Socialiste Guyanais, fondé par ce député en 1956.
En 1962, la Guyane detenait un peu moins de trente-cinq milles habitants, mais cette date reste dans les mémoires comme une journée symbolique de rébellion contre le statut de départementalisation du territoire guyanais.
Pour aller plus loin : Retour sur une page de l’Histoire de Guyane – “Le Guet-apens” : le 14 juin 1962, la population guyanaise subissait une répression qui marquera l’histoire du pays
Publication de Rodolphe Alexandre sur facebook ce jour disponible sur ce lien.
Vos commentaires
Surprenant ce cautionnement actuel, dans les commentaires, 60 ans plus tard, d’un tabassage de manifestants noirs réclamant plus d’autonomie politique. Simple escarmouche il est vrai, vu qu’un an avant cela, en 1961 la police parisienne noyait carrément dans la Seine plusieurs dizaines d’algériens réclamant l’indépendance. Exagération? Les mœurs universelles de l’époque, l’année d’après en 1963 la police blanche envoyait les chiens contre des noirs manifestants pour les droits civiques, à Birmingham aux États Unis. Pas la moindre gêne exprimée face à ce mimétisme de l’histoire. Et mieux, comme pour excuser ou justifier cette violence d’Etat, qu’elle soit coloniale ou ségrégationniste, qui explique bien des ressentiments actuels, le procès en représentativité ou légitimité des tabassés est de rigueur. L’atavisme d’occultation du dominant historique reste tout de même puissamment ancré dans nos sociétés post-coloniales. Seul excentricité de l’histoire, cette propension à se poser désormais en victime, et à fantasmer un nouvel oppresseur politique ethnique, censé travestir la réalité historique du fait colonial. La ficelle est aussi grosse que grotesque. Et Ergo seum est pas dans la merde avec son désir d’autonomie, cette andouille n’est même pas au courant qu’il s’agit juste d’un complot créole. Comment imaginer un instant que Paassy se laisse berner par ce qu’il considère être une opa coloniale du camp ethnique d’en face. Un peuple qui ne sait pas se gérer en effet…
Permettez moi de m'étonner de la relation que vous faites entre la manifestation de 1962 et l'arrivée de la lgion étrangère en Guyane.
De 1970 à mi 1973 j'habitais Kourou ou ce qui est devenu le quartier Courbet portait alors le nom de cité ELDO.
C'est après l'abandon du programme Europa que la legion s'est installée dans ces batiments devenus inoccupes.
"Au mois d'août 1962, le régiment prend officiellement garnison à Diégo Suarez.
Le 11 septembre 1973, il s'installe à Kourou, et quitte Madagascar.
En 1962, la légion arrivait tout juste à Madagascar.
Ce n'est que dix années plus tard qu'elle viendra en Guyane.
Il n'y a qu'à voir la déformation de la réalité concernant mars et avril 2017 par les médias, historiens et politiques, pour arriver à la conclusion que l'histoire Guyanaise est régulièrement tronquée et déformée. Certains cherchent à fabriquer des héros qui n'en n'ont jamais été, et toujours issus de la même communauté évidement...
Il y a un fort créolocentrisme de l'histoire, qui se fait à coup de d'exagération parfois à la limite du mysticisme (cf Adelaide Tablon par exemple) mais aussi de négation de l'histoire des autres communautés Guyanaises.
Tout cela pour tenter de maintenir sur les autres une domination tant historique que politique.
L'histoire "Guyanaise" racontée par certains souffre donc d'un manque cruel de rigueur et crédibilité malheureusement.
Feu Catayée a dit : " A l’heure où je vous parle, toute la population guyanaise est massée dans les rues de Cayenne...»
Non Justin, pas vraiment ...apparemment c'était 300 et non TOUTE, on est très loin de l'ensemble de la population.
Ah les Comores... Aujourd'hui ils se battent pour rejoindre leur cousin de Mayotte qui eux ont fait le choix de rester français.... Un peu comme les haïtiens qui aujourd'hui fuit leur île.
Je suis allé voter samedi mais la je n'irais pas, ce n'est tout simplement pas imaginable.
Ou encore 3000 sur 300.000, l'histoire se répète.
Élections législatives de 2022:
On a le choix entre un indépendantiste et une indépendantiste.
Un pourcent (1%) de la population veut s'imposer sur les 99% restants.
Et tout ça pour quoi ?
Pour que la Guyane suive l'exemple des Comores...
Quand je vois que les comoriens risquent leur vie pour fuir la misère pour aller se réfugier dans la seule île des Comores qui est restée attachée à la France: Mayotte...
Non merci ! Gardez la pour vous votre indépendance...
et surtout ne jamais oubliez! a l'epoque, mes parents ont connu sa et m'en ont parlé. meme maintenant, beaucoup de gens pensent que "Catayée" a était assassiné...
Les coups de trique... éducation locale...ça marche mon Jayjay ?
Hé oui, déjà à l'époque élus et minorités agissantes faisaient croire que leurs idées étaient celles de la majorité de la population...
Lorsque je lis:
"Une mobilisation se déclenche alors en décembre 1961, lorsque le gouvernement décide d'accorder l’autonomie de la gestion aux Comores."
Ils voulaient suivre l'exemple des comores?
et que l'on voit ce que sont devenus les comores en 2022...
C'est clair. Ils veulent l'autonomie mais savent même pas se gérer...la blague.