Décès de Simone Boislaville : une figure de notre culture s'en est allée

Décès de Simone Boislaville : une figure de notre culture s'en est allée

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Simone Boislaville
Simone Boislaville • ARCHIVES FRANCE-ANTILLES

Simone Boislaville s'est éteinte à l'âge de 101 ans. Durant près d'un demi-siècle, l'épouse de Loulou Boislaville aura mené de front son métier à l'hôpital et la scène culturelle. 

Simone Boislaville s'en est allée entourée des siens mercredi 13 juillet, dans sa maison à l'Ermitage à Fort-de-France. Elle avait fêté ses 101 ans, le 19 février 2022. Simone a beaucoup œuvré aux côtés de son époux, au sein du Grand ballet folklorique de Martinique, dont il était le créateur. 

Nous avions fait son prtrait en 2010, dans le cadre de notre rubrique "Grand Témoin". En dépit des années, Simone a su conserver son âme de jeune fille. La même qu'elle avait sans doute il y a plus de 60 ans quand, jeune infirmière, elle rencontra ce charmant malade que tout le monde appelait déjà Loulou. " Louis Lucien " précisera-t-elle, avant d'ajouter lors de notre entretien à l'époque " celui-là, il m'a tué! ". Morte de rire, car très rapidement il va entraîner notre Simone dans son tourbillon de bonne humeur, d'entrain, de danses et de folklore qui lui fera tourner la tête toute la vie. Avec cette rencontre, commencera le manège enchanté de l'aventure Loulou Boislaville, " du temps où la vie était belle " , où les préoccupations s'arrêtaient à la couleur du foulard sur l'épaule, ou encore du choix dramatique entre le collier chou, le grain d'or ou la chaîne forçat... " Mais j'oublie tellement de choses " de cette époque qu'elle qualifie pourtant " d'inoubliable " .

Simone et Loulou Boislaville
Simone et Loulou Boislaville • Fernand Bibas

Une véritable chorégraphie

Oublier l'inoubliable. Mais conserver encore dans le regard, et au fond des yeux le souvenir bien vivant des facéties et des moments toujours joyeux aux côtés de son Loulou, qui trône sur tous les murs de la maison, c'est là le secret de Man Boislaville. Même ses funérailles grandioses, à l'instar d'une parade carnavalesque, lui reviennent avec bonheur, car " on n'avait jamais vu cela, un dimanche après-midi sur le boulevard à Fort-de-France! " .

Vivant, même disparu, puisque faire le portrait Simone c'est aussi faire celui de son époux en filigrane. Ses frêles épaules ont-elles été assez solides pour supporter le poids de la personnalité de l'homme Boislaville ? Dans la famille on ne connaissait que lui, en dépit de la carrière éclair de sa Zaza, mais surtout après l'effacement de Dely leur fils, qui sous la douce pression de Simone, a choisi dès la fin des années 1970, d'être postier en métropole, aux antipodes de la vie de son père superstar.

Peu de personnes en effet ont connu le rôle de pièce maîtresse que Simone Boislaville a pu jouer auprès du Grand ballet, alors que durant des décennies elle a effectué une véritable chorégraphie entre l'univers aseptisé de son hôpital et son rôle chatoyant de danseuse experte en biguine. Elle a assuré ces deux " djob " avec un bonheur sans pareil, pour bien mériter aujourd'hui de se reposer, quasi recluse dans sa maison, dont elle apprécie le voisinage silencieux et serein des tombes du cimetière du Trabeau. Sous les regards de Loulou, et en présence presque exclusive de Dieu, Simone a su conserver l'étincelle des jours heureux qui illuminait autrefois son regard, assurée qu'ils se retrouveront en paradis, tout aussi " improbablement " qu'une jeune fille de Sainte-Anne avait pu rencontrer un jeune homme du Prêcheur dans les années d'après-guerre...

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