«I l est libéré de ce peuple », lançait,
hier matin, Christian Jeanne, « fils spirituel » de Gérard
Lauriette. « Papa Yaya », comme on l'appelait, ancien maire de
Capesterre-Belle-Eau, premier enseignant guadeloupéen à avoir
élaboré des méthodes d'apprentissage du français en s'appuyant sur
la langue créole, s'est éteint hier matin, au terme de
quatre-vingt-quatre ans d'une vie bien remplie. Remplie de
spiritualité, d'enseignements. De polémiques aussi. Car Papa Yaya,
avec ses convictions et ses valeurs, ne laissait personne
indifférent.
« Un parent proche, un papa » Devant la
petite maison où repose le corps de Gérard Lauriette, les proches
se sont rassemblés. Des « fils spirituels », des amis, tout
simplement, venus partager leur douleur, leurs souvenirs aussi. La
famille, trop éprouvée, s'est enfermée à l'intérieur de la maison,
auprès du défunt. Dans la petite cour, on se prend par le bras, on
a les yeux rougis, on se soutient. On attend que les pompes
funèbres emportent le corps. On parle de lui, on relate diverses
anecdotes.
Comme beaucoup, Aimée-Paule Damas a perdu
son « père adoptif » : « C'était un grand homme, il avait le coeur
sur la main, confie-t-elle. Tous les jours, j'étais à côté de lui.
Je lui préparais à manger, je lavais ses vêtements. De temps en
temps il me donnait des petites bananes pour mon fils... C'était un
ancien professeur, gentil, aimable, un homme bon. Je le considérais
comme mon père. Je suis très triste, c'est moi qui l'ai retrouvé ce
matin, dans son fauteuil. Je ne l'avais pas vu depuis samedi, je
venais lui apporter une petite boîte avec des gâteaux. Je suis
rentrée dans la maison comme ça, je l'ai vu et je l'ai appelé :
"Papa Yaya ! Papa Yaya !" Je regarde mon Lauriette, mais je ne sens
plus rien. Alors j'ai appelé la police et les...