La plainte du carnavalier mordu par un chien policier classée sans suite

Début janvier, Albert Tarcy suscitait l’émoi général des réseaux sociaux et des personnalités politiques. Au cours d’un week-end de carnaval à Cayenne, l’homme avait été évacué aux urgences à la suite d’une morsure de chien policier. Sa plainte a été classée sans suite.
Couvre-feu oblige, la fin du carnaval était programmée samedi et dimanche à 19 heures. Mais, sur les deux journées, une poignée de participants a poursuivi la mobilisation, déguisements et festivités inclus. Les face-à-face entre manifestants et policiers se sont multipliés de la place de la préfecture jusqu'aux chaînes brisées.
Le 10 janvier, le commissaire Gil Friedman, désormais remplacé, avait "affronté" les manifestants en les sommant de cesser toute activité qui aurait pu troubler l’ordre public. De là, les policiers sous ses ordres avaient multiplié l’usage de gaz lacrymogènes (à moins de 5 mètres).
L’incident qui a entraîné une plainte avait eu lieu dans l’après-midi. En marge de la manifestation, Albert Tarcy, carnavalier, avait été attaqué peu après 18h30 par un chien policier démuselé qui l’avait mordu jusqu’au sang au niveau de l’avant-bras. Il s’était vu prescrire sept jours d’ITT après avoir été évacué aux urgences du centre hospitalier de Cayenne. Dans une annonce, le directeur technique de la police nationale avait rapidement prohibé l’usage des chiens suite au tollé provoqué sur les réseaux sociaux. Gabriel Serville, Christiane Taubira ou encore Marie-Laure Phinéra-Hort s’étaient exprimés publiquement pour dénoncer l’usage des chiens par la police. Gautier Hort réclamait des “sanctions sévères” contre le commissaire et le maître chien.
La délégation de Fort de France de l’inspection générale de la police nationale s’est saisit de l’enquête peu après la plainte. Il résulte de cette dernière qu’à 17 h 45 Albert Tarcy et une autre personne déambulaient seuls au milieu de la rue Lalouette à Cayenne. L’exploitation des images de vidéosurveillance a permis d’établir qu’ils stoppaient chaque automobiliste, avant de les laisser repartir. Un embouteillage s’était formé.
A 18 h 30, l’unité cynophile légère de la police nationale était requise par un passant concernant deux individus “alcoolisés” qui entravaient la circulation. Décrit comme agressif, Albert Tarcy a reçu plusieurs avertissements du maître chien. “Les policiers relatent qu’Albert Tarcy s’approche du chien et de son maître en indiquant que s’il le mord, il va le “casser, le taper”” explique le communiqué du parquet. Le carnavalier s’était fait mordre alors qu’il était dans “la zone de sécurité du chien”.
Le maitre chien avait également été mordu alors qu’il tentait de faire cesser la prise du chien. Le “conducteur du chien” assure toutefois n’avoir donné aucun ordre d’attaque, toujours selon l’enquête de l’IGPN. "En conséquence, sa plainte [celle d'Albert Tarcy] sera classée sans suite" explique le communiqué signé par le procureur de la République Samuel Finielz. Cette décision peut toutefois être contestée par le plaignant suivant "les voies de droit usuelles" conclut le parquet.
L'événement avait déclenché, de surcroît à la vague de contestation de l'usage des chiens policiers, une longue crise au commissariat de Cayenne, entraînant à son paroxysme le départ du commissaire Gil Friedman. En se constituant en intersyndicale, les sept syndicats policiers ont réclamé deux semaines durant cette éviction, dénonçant un climat de “terreurs” et de “harcèlement” dans les couloirs des commissariats.
Vos commentaires
C'est marrant, les formulations semblent toujours victimiser des individus qui enfreignent la loi. Monsieur X se fait "attaquer" et plus tard dans l'article, on lit que ce Monsieur marchait au milieu de la rue en stoppant les voitures. Peut-être serait-il bon de remettre les faits dans le bon ordre...